La symbolique des nombres (1894)

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Ce mois-ci, nous avons choisi un texte relatif à la symbolique des nombres, extrait de l’article « Entretiens sur la Kabbalah », publié dans la revue Voile d’Isis en 1895.

L’auteur, outre quelques considérations somme toute personnelles qu’il conviendra de replacer dans le contexte de son siècle, montre bien la place que l’arithmosophie (littéralement « la sagesse ou la science des nombres ») tient au sein des grandes religions, ainsi que dans les traditions ésotériques. Il revient également sur le fait que les nombres constituent dans le monde archétypal un moyen de s’élever vers le divin, faisant ainsi un lien direct avec l’hermétisme.

Notons que cette approche particulière, à la fois spiritualiste et mystique des nombres, est également enseignée dans les Traditions rosicrucienne et martiniste, chacune véhiculant son propre symbolisme en la matière.

« La symbolique des nombres » | Revue voile d’Isis,
n°148, 14 février 1894

La symbolique des nombres

« Le nombre sept est très célèbre, c’est le nombre par excellence des occultistes ; dans tout l’Orient, mais principalement en Egypte, le nombre sept était considéré comme le plus saint, le plus sacré, sept fut le chiffre du repos après la création ; en Egypte, on comptait sept planètes, sept jours de la semaine, sept bouches au Nil; à l’époque du solstice d’hiver, comme nous l’apprend Plutarque, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, les prêtres faisaient faire sept fois le tour du temple à la vache sacrée ; ces mêmes prêtres célébraient les dieux par sept voyelles, c’est-à-dire, par des chants où se trouvaient les sept notes de la gamme. Enfin, l’homme est composé de sept principes et les médecins reconnaissent que les époques critiques des maladies mettent sept jours pour faire leur évaluation.

Chez les Hébreux ce nombre sept était aussi considéré comme sacré ; Moïse, fils d’une fille d’un Pharaon, qui avait fauté, ne pouvait pas ne pas reconnaître ce nombre comme sacré. L’ancien comme le nouveau Testament sont remplis de ce nombre sept. Ainsi, chez les Hébreux, la terre devait se reposer tous les sept ans ; les grandes solennités de la Loi duraient sept jours, le grand candélabre d’or du temple était à sept branches et dans les grands sacrifices on immolait sept victimes ; nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer tous les grands faits accomplis par le nombre sept aussi nous nous bornerons à renvoyer le lecteur au sujet de ce nombre à Philon (De mundi opicifio et allegorarium I).

Le nombre huit exprimait la loi naturelle, primitive et sacrée. Un nombre redoutable, c’était neuf, parce que c’était le signe de la fragilité des choses humaines ; il fallait à tout prix l’éviter, car produit du ternaire multiplié par lui-même, il devenait néfaste.

Le nombre dix, nos lecteurs le savent, était considéré comme parfait : c’était l’image des merveilles de l’Univers, car il représentait la circonférence qui renferme tous les rapports numériques et harmoniques des neuf premiers nombres.

Suivant Pythagore, ce grand initié, la puissance de ce nombre résidait dans le quartenaire dont les chiffres additionnés forment le nombre 10. 1 + 2 + 3 +4 = 10. – Ce même nombre était un signe d’amitié, de bienveillance et de paix, car formé du quinaire répété, sa première partie 1, 2, 3, renfermait la triade et si on y ajoutait 4 et 5, ces cinq chiffres contenaient les préceptes divins, tandis que la seconde partie 6, 7, 8, 9 et 10 contenait les préceptes humains. Nous ne poursuivrons pas plus avant notre étude sur les nombres, car nous dépasserions de beaucoup les bornes assignées à nos entretiens, cependant nous ne pouvons résister au désir de faire connaître à nos lecteurs ce qu’est le nombre dix-sept formé cependant de deux beaux nombres 10 et 7; cependant celui-ci est néfaste et voici pourquoi, c’est qu’il est placé entre 16 qui est un double; un triple, un quadruple carré et 18 qui est un parallélogramme et lui seul sépare, disjoint ces nombres parfaits; Osiris n’était-il pas mort le 17 du mois ?

Nous terminerons clone ici ce que nous avons à dire sur les nombres, en mentionnant ce fait que les nombres, outre leurs qualités individuelles, en possédaient de générales, par exemple les nombres impairs étaient réputés plus parfaits que les nombres pairs de là le dicton : numero Deus impare gaudet (le numéro deux se réjouit d’être impair). C’est pourquoi les premiers étaient considérés comme célestes et mâles et les seconds comme terrestres et femelles. Suivant Agrippa, l’échelle des nombres est, dans le monde archétype, l’essence divine, de même que dans le monde intellectuel, elle est l’intelligence suprême. La science des nombres est diversement représentée dans les divers mondes ; ainsi le soleil représente le monde céleste ; la pierre philosophale, le monde terrestre et Lucifer, le monde infernal ou même le monde élémentaire. Dans l’homme qui est un petit monde (microscome) c’est le cœur qui le représente

Disons en terminant ce qui touche aux nombres que, toujours, les diverses combinaisons des chiffres ont été considérées chez la plupart des peuples comme exerçant une telle influence sur les destinées du microcosme qu’un grand nombre de figures cabalistiques étaient formées au moyen des nombres, auxquels on attribuait des vertus toutes spéciales et considérables. »