Michael Maier, médecin, philosophe et hermétiste, par Paul Chacornac
Extrait d’article tiré de la revue « Le Voile d’Isis », juin 1932.
« Michael Maier fut avant tout un Rosicrucien. En cette qualité, il défendit l’Auguste Fraternité à la fois contre ses ennemis déclarés et contre des panégyristes maladroits ou hypocrites. Ecrivain doué d’une grande fécondité, il écrivit un grand nombre d’œuvres sur l’Hermétisme qui toutes témoignent d’une érudition remarquable, et s’il ne fut pas plus explicite que les autres auteurs qui l’ont précédé ou suivi, c’est parce qu’il voulut demeurer fidèle à l’immuable foi du « Secret ». Certains auteurs ont vu là l’indication d’un rapport avec le courant pythagoricien à cause de l’observation de la loi du « Silence » si en honneur dans cette école, mais en fait cette recommandation est commune à toutes les organisations initiatiques
[…]
Vers cette époque (1617), les Rose-Croix sont violemment attaqués par des adversaires. De nombreux pamphlets sont publiés, des calomnies répandues. Maier prend la défense de la Fraternité dans un ouvrage intitulé : Apologie où l’on explicite le silence et le motif des calomnies contre les Frères de la Rose-Croix. Calomnies auxquelles on ne répand pas, mais dont on réfute cependant toutes les mauvaises intentions. Cette justification loin de faire cesser les attaques, les multiplie au contraire, mais Maier ne se décourage pas. Il sait que sa Mission est de lutter contre l’aveuglement des esprits bornés, et quelque temps après, paraît un autre travail qui a pour titre : Le Silence après les calomnies, ou Traité apologétique dans lequel sont exposées et expliquées les raisons des calomnies proférées contre la Fraternité de la Rose-Croix, l’interprétation de son silence, et pourquoi aucune réponse n’a été donnée à ces Calomnies, suivi d’une réfutation adressée aux critiques de mauvaise foi. Dans cette réponse aux calomnies et aux outrages proférés contre la Fraternité par des personnes que les Frères ont évincées Maier, fait connaître que ceux qui ont rédigé la Fama et la Confessio ne peuvent être blâmés par des juges non avertis ; que la Fraternité n’a pas besoin de lui, Maier, pour prouver son existence, mais néanmoins qu’il saura la défendre afin que la Fraternité ne soit plus exposée aux calomnies des ignorants, et il termine en demandant à ses Frères de le protéger.
On ne saurait méconnaître dans cette œuvre la sincérité de Maier, en ce qui concerne ses attaches avec la Fraternité. C’est un disciple qui défend ses Maîtres pour lesquels il a le plus grand respect, parce qu’il sait ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent : la Vérité Une. Le Silence après les Calomnies renferme un ensemble des tendances doctrinales Rosicruciennes.
« La Nature aura toujours des secrets ; la chaîne d’or part de l’infini et remonte à l’infini. Ainsi la science se pervertirait si des réformateurs et des critiques ne venaient séparer le pur de l’impur et tenir la balance égale entre l’expérience et la raison, les choses se sont ainsi passées de tous temps ; ces réformateurs qui existent à cette époque (commencement du XVIIe siècle) en Germanie forment la Fraternité des Rose-Croix.»
« Art est le serviteur de la Nature; la théorie et la pratique doivent donc marcher toujours de pair; apprendre les secrets, les polir ou les adapter, les approprier ou les réaliser, telle est la triple marche que suit l’ Adepte et qui est enseignée dans les neuf Collèges disséminés sur la terre : En Egypte ; chez les Eumolpides, à Eleusis ; chez les Cabires, à Samothrace; chez les Mages de la Perse et de la Chaldée; chez les Brahmanes de l’Inde ; chez les Gymnosophistes, en Ethiopie ; chez les Pythagoriciens, en Grèce et à Fez, chez les Maures
« L’Alchimie n’est qu’un art secondaire. Les Rose-Croix estiment la vertu plus que l’or; quoique ce dernier soit utile comme moyen d’action dans les moments de publicité. La médecine des Adeptes est triple : corporelle, animique et spirituelle ; ils la distribuent quand l’humanité en a besoin, puis ils laissent la crise thérapeutique se développer, rentrent dans l’obscurité jusqu’à ce qu’une nouvelle médication soit nécessaire. »
« Les époques d’action de la Rose-Croix sont déterminées par la connaissance des lois astrales et par celles de l’évolution du genre humain ; ces périodes de divulgations ont pour but d’éveiller le désir et d’éprouver ceux qui sont dignes d’être élus ; ces derniers sont peu nombreux, cela se comprend lorsqu’on saura que les Rose-Croix n’acceptent à peine qu’un candidat sur mille »
Toutefois ces indications ne paraissant pas suffisantes à Maier comme de véritables preuves de l’existence de la Fraternité à l’égard de ses adversaires, et l’année suivante, en 1618, il publia : La Règle d’Or, ou traité des Lois de la Fraternité des Rose-Croix, où on expose et on démontre que ces lois n’ont d’autre objet que la Vérité, et non un but d’utilité publique ou privée. La Règle d’Or contient l’exposé des lois spirituelles des Frères de la Rose-Croix, qui sont les serviteurs du « Roi du Monde>> ·voici les Règles en question qui sont au nombre de six.
1° Que nul d’entre eux, s’il est en voyage, ne pourra se livrer à d’autres occupations que celles de soigner gratuitement les malades.
2° Que nul ne sera obligé, quoique affilié à l’ordre, de -revêtir un costume spécial, mais qu’il s’accommodera aux us et coutumes du pays où il se trouve.
3° Que chaque Frère sera tenu chaque année au jour de la Croix de comparaître devant le Temple du Saint-Esprit et s’il ne le peut de justifier par lettre les causes de son absence.
4° Que chaque Frère doit choisir une personne habile et apte à lui succéder après sa mort.
5° Que ce signe R. C. lui tienne lieu de symbole, de désignation et de sceau.
6° Que cette Fraternité doit être cachée pendant cent ans.
Maier donne ensuite, en termes sobres, l’explication de ce que représente la Fraternité, où se trouve son centre, ses signes et ses mots de reconnaissance, etc. Puis il ajoute pour les profanes :
« Si les Rose-Croix acceptent un disciple, il faut que son désir de s’instruire et que le témoignage de sa bonne volonté soient confirmés par une manifestation illuminative. »
Parlant de la médecine des Rosicruciens considérée comme la « moelle du Monde », Maier nous fait connaître que :
« Les Rose-Croix ne prétendent pas guérir certaines maladies incurables ; ils ne peuvent en ce cas que s’incliner devant les arrêts de la divine Providence… »
La fin de l’ouvrage est consacrée à l’explication des deux lettres symboliques R. C. »